samedi 25 juin 2016

Elégance

A la requête "élégante" voici l’une des premières images trouvées. Et l'élégance de l’être ? L’élégance interne ? 


mardi 12 janvier 2016

En quête de sens

Hier soir, deux amies échangeaient sur le film "En quête de sens" (http://enquetedesens-lefilm.com/) quand l'une d'entre elles me demande : "comment tu le résumerais le film" ?

M'est alors venu quelque chose du genre :
"L'histoire de deux amis, pleinement impliqués dans notre société capitaliste (dont l'un à Wall Street) sont soudain pris de doute face à notre vie et son sens. Ils décident alors de tout plaquer pour partir faire un voyage qui s'avèrera initiatique et dans lequel, par leurs rencontres, ils questionnent le sens que l'on peut donner à sa vie. Les gens qu'ils présentent ont tous trouvé une alternative qui donne un sens à la leur."

Mon amie me répond alors (je résume un peu bien sûr) : "oui, mais c'est une vision partielle des alternatives, ce n'est pas fait pour tout le monde. Par exemple, j'ai des amis qui vivent en plein dans la société capitaliste (cadres dynamiques), qui sont très heureux comme cela et qui n'ont pas envie d'en changer."

Ma première réponse a été (je résume toujours) : "es-tu sûre qu'ils sont vraiment heureux ? De manière stable ? Le seraient-ils toujours si on modifiait quelques paramètres de leur vie ? Car il ne me semble pas que ce film propose le retour à la terre comme solution (même si ça peut en être une parmi d'autres), mais simplement de développer plus d'humanité. On peut être comptable ET humain, et ça fait une très grosse différence (j'en connais bien un ...).

Mais je réalise maintenant que j'aurais aimé ajouter un certain nombre de choses à ma réponse ... je le fais donc ici.

Tout d'abord, "en quête de sens" a été réalisé par des jeunes d'une trentaine d'années. Ils n'ont bien entendu que la maturité de leur âge ... et la question peut bien entendu être creusée. Mais, même si c'est des questions qui ont déjà été abordées, j'ai été touchée par leur sincérité et la fraîcheur de leur oeil sur ces personnes un peu hors normes qu'ils ont rencontrées.
"J'ai des amis qui vivent en plein dans la société capitaliste (cadres dynamiques), qui sont très heureux comme cela et qui n'ont pas envie d'en changer."
La question est-elle là ? Il me semble que c'est précisément voir le problème sous l'angle qui a été développé (de plus en plus exclusivement) en occident : celui de l'individu.
Je suis bien consciente de tout ce qu'a apporté cette émergence de l'individu. Il suffit de se confronter à des sociétés tribales ou traditionnelles pour prendre conscience que cela ne va pas de soi : dans une société traditionnelle, le groupe prime (on vit par exemple au sein de la famille qui dicte tous les comportement) ; alors que l'occident a mis l'individu au centre. Il nous paraît presque évident de pouvoir choisir notre vie en fonction de nos aspirations, de ce qui nous plait (d'où la quête de bonheur et de satisfaction qui sous-tend nos vies). N'est-ce pas la source, pêle-mêle, de nos "droits de l'homme", mais aussi de la démarche cartésienne, de "l'ascenseur social" ...

Parallèlement, j'ai été profondément touchée par certaines lectures (dont Axel Kahn "l'homme ce roseau pensant", Edgar Morin "la méthode", "terre-patrie"). Nous avons le sentiment d'être des hommes parce que nous en portons les gênes, que nous sommes nés hommes. Cela semble n'être qu'en partie vrai.
Je m'excuse par avance auprès de ces auteurs pour mes simplifications sans doute caricaturales ... mais qu'est-ce qui fait de nous des humains ? Et qu'est-ce qui caractérise notre espèce ?
J'ai cru comprendre qu'un point clé est notre capacité à la fois à avoir conscience de nous-mêmes (réflexivité), mais aussi à avoir conscience de ce que les autres perçoivent et de la manière dont ils nous perçoivent (empathie). Etre capable de nous mettre à la place de l'autre ... ce serait l'une de nos spécificités d'humains.
MAIS ... nos gênes ne suffisent pas : il faut s'humaniser, donc apprendre à être humain. Apprendre à parler, conceptualiser, raisonner, MAIS AUSSI, apprendre à se mettre à la place de l'autre ... L'empathie, l'altruisme, la fraternité, l'ouverture ... si nous avons le matériel nécessaire pour développer ces capacités, elles ne sont qu'à l'état de potentiel. Sans un "entraînement" approprié, elles ne semblent pas pouvoir se développer seules. Et il semble que nous ne puissions être humanisés que par le contact d'autres humains : famille, amis, société ... Nous ne devenons donc des hommes à part entière qu'au sein d'un groupe, au contact d'autres hommes qui nous guideront pour développer ces valeurs et capacités proprement humaines.

Pourquoi tout ce détour pour évoquer ce film ? Parce qu'il me semble que cela fait partie de ce qui m'est  venu, face à la remarque de mon amie. Donner un sens à sa vie ... est-ce que "être heureux comme cela et ne pas avoir envie d'en changer" suffit ? Suffit à quoi d'ailleurs ? Donner plus de sens à sa vie est un idéal peut être - mais un idéal, c'est un peu comme un phare ... ça donne une direction ...
J'ai le sentiment que nous perdons de vue ces valeurs d'empathie, d'altruisme et d'ouverture, qui semblent pourtant à la fois nous caractériser en tant qu'humains, mais aussi nous permettre de vive ensembles. N'est-ce pas parce qu'à force de développer l'individu nous avons poussé le balancier trop loin en oubliant le groupe ? Ne sommes-nous pas devenus tellement égo-centrés que nous nous absorbons complètement à notre propre satisfaction ?
Je pense que nous avons tous des exemples. Pour ma part, enseignante, je constate entre autre que les étudiants s'installent dans un consumérisme forcené. Même lors de soutiens bénévoles, le sentiment de gratitude ne leur vient plus vraiment. "Je suis en difficulté, donc il est bien normal qu'on m'aide" ... Et l'autre dans tout cela ? Lorsqu'un service nous est rendu, savons-nous encore remercier ? Ou sommes-nous trop centrés sur nous-mêmes, sur ce qu'il nous faut, pour y penser ? Avec en plus l'angoisse d'être redevables et la crainte de donner trop d'importance à l'autre ...
N'est-ce pas cette pente qui nous entraîne aujourd'hui dans toutes les noirceurs qui émergent autour de nous ? Terrorisme, haine, tensions, rejets, crise économique et sociale (ou plutôt multi-crise comme l'explique si bien Edgar Morin).

Alors ma conclusion du film est qu'il est peut-être possible de donner plus de sens à nos vies. Certains ont trouvé ce sens en revenant à la terre ... Mais est-ce que le point commun n'est pas en fait de développer plus de conscience, plus d'humanité ? Plus de conscience de ce qui nous entoure et nous maintient en vie : la terre, notre environnement, notre famille, notre société ...
Ne serait-il pas possible d'être cadre dynamique conscient et humain ? Politique conscient et humain ? Menuisier conscient et humain ? Primeur conscient et humain (j'en connais un ...) ?
Ce qui ne me semble, en revanche, pas possible, c'est effectivement de conserver l'individu seul comme centre de tout, car alors, il désirera toujours plus de biens, de capitaux, de jouissance, de pouvoir ... Et (même si je suis peut-être idéaliste), ce serait aussi baisser les bras à développer ce qui fait vraiment de nous des humains : nos valeurs humaines. Car après tout, un chien ou un cheval peuvent aussi être heureux ...
Sommes-nous capables de faire émerger, de nous axer sur l'individu ET le groupe ? Puisqu'ils sont interdépendants ...

dimanche 10 janvier 2016

Instruit ou sage ?

Ce passage des "femmes savantes" m’a touchée par son impertinente sagacité.

Les "savants" : Philaminte, et le grand savant Trissotin
Clitandre, le prétendant du vilain petit canard : Henriette, la cadette de la famille qui n'a pas le goût de l’esprit ...

PHILAMINTE 
.../...Monsieur [Clitandre ] n'y trouverait ni rime, ni raison;
Il fait profession de chérir l'ignorance,
Et de haïr surtout l'esprit et la science.

CLITANDRE 
Cette vérité veut quelque adoucissement.
Je m'explique, Madame, et je hais seulement
La science et l'esprit qui gâtent les personnes.  
Ce sont choses de soi qui sont belles et bonnes;  
Mais j'aimerais mieux être au rang des ignorants,
Que de me voir savant comme certaines gens. 
TRISSOTIN     
Pour moi je ne tiens pas, quelque effet qu'on suppose,  
Que la science soit pour gâter quelque chose.   
CLITANDRE     
Et c'est mon sentiment, qu'en faits, comme en propos,  
La science est sujette à faire de grands sots.   
TRISSOTIN     
Le paradoxe est fort.   
CLITANDRE   
Sans être fort habile,
La preuve m'en serait je pense assez facile.  
Si les raisons manquaient, je suis sûr qu'en tout cas  
Les exemples fameux ne me manqueraient pas.   
TRISSOTIN     
Vous en pourriez citer qui ne concluraient guère.   
CLITANDRE   
Je n'irais pas bien loin pour trouver mon affaire.   
TRISSOTIN     
Pour moi je ne vois pas ces exemples fameux.   
CLITANDRE     
Moi, je les vois si bien, qu'ils me crèvent les yeux.   
TRISSOTIN   
J'ai cru jusques ici que c'était l'ignorance  
Qui faisait les grands sots, et non pas la science.   
CLITANDRE   
Vous avez cru fort mal, et je vous suis garant,  
Qu'un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant.   
TRISSOTIN     
Le sentiment commun est contre vos maximes,  
Puisque ignorant et sot sont termes synonymes.   
CLITANDRE     
Si vous le voulez prendre aux usages du mot,
L'alliance est plus grande entre pédant et sot. 
 Molière