lundi 5 juin 2017

Pilote automatique

Il nous arrive trop souvent, alors que nous conduisons, de réaliser soudain que nous sommes en mode "pilote automatique". Noyés dans nos pensées, les kilomètres ont défilé ... et nous n'étions pas vraiment là. Le corps a conduit, par réflexe, mais l'esprit était ailleurs. Nous avons donc perdu ces instants : traversés mais non vécus.

Comment éviter de faire de même de notre vie entière ? Pris dans les obligations, le travail et son rythme, ne sommes-nous pas aussi, bien souvent dans ce même mode "pilote automatique" ?
La preuve ? Si on nous demandait, même en nous laissant le temps de la réflexion : qu'avez-vous à dire ? Sur quoi vous questionnez-vous ? Quelles sont vos aspirations, vos attentes ? Quelle est votre action actuelle, votre ligne directrice ? Si nous avions un grand sage en face de nous à qui poser ces question. Est-ce que, bien trop souvent, ce n'est pas seulement le vide qui viendrait ? Le vide du pilotage automatique ? Ou, ce qui est pire, des tracasseries matérielles : changer la voiture, s'offrir des vacances, une plus grande maison ou le dernier jean de chez ... Ce qui est peut-être pire, car c'est alors du vide donnant l'illusion du plein. La sensation de manque, de mal-être est alors sourde et diffuse, mais d'autant plus lourde qu'elle débouche sur le syndrome de "du pauvre petit enfant riche".

Comment sortir du pilote automatique ? En se questionnant ? Mais que ce soit pour le questionnement ou la profondeur - il ne suffit pas de le souhaiter :
"Questionnes-toi !"
"Oui mais comment ?"

Lire, se nourrir de la pensée des autres, de leur expérience, c'est bien sûr un moyen. Mais est-il suffisant ? Les soixante-huitards l'avaient bien compris "la culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale". La question n'est pas seulement de pouvoir discourir, mais de développer une pensée critique, capable de s'appuyer sur le terreau de ses prédécesseurs pour devenir autonome et s'approfondir ... N'est-ce pas une nécessité pour chacun ? Et peut-on, hormis une petit élite, s'y préparer seul ? Il me semble que c'est par l'expérience accompagnée qu'on peut aider chacun dans ce sens. Vivre et réfléchir, expérimenter et analyser - y a-t-il d'autres moyens pour passer progressivement en pilotage manuel ?

Et donc, est-ce que l'éducation de devrait pas y préparer ? Sans prétention, peu à peu. Mais pourquoi serait-il nécessaire de faire des études supérieures de philosophie ou de littérature pour se poser des questions ? Pourquoi un informaticien, un boulanger ou un comptable ne se questionneraient-ils pas sur leur vie, leur monde, leur société - et pourquoi n'auraient-ils pas droit aux outils pour le faire ?