jeudi 5 novembre 2015

La googlose ...

C'est en prenant soudain conscience des symptômes et des ravages de la googlose que "je sens sous ma plume un fourmillement familier".

Cours de Bac+4 dans une discipline mi-mathématique mi-informatique. Nous avons passé la matinée en cours théorique et c'est maintenant le moment d'assimiler, en programmant, les notions vue plus tôt. A plusieurs reprises, la même scène se répète : des étudiants m'appellent pour me demander de l'aide. Je me retrouve devant un programme ... qui ne marche pas et ne correspond pas à mon cours. Et curieusement, dans tous les cas, c'est toujours le même ...
J'essaye de comprendre ; les étudiants font mine de suivre mais je sens que leur souhait est que je corrige (et non que j'explique). Devant ma perplexité, ils me répondent que "ça vient d'internet" et me montrent une page référencée par Google ...

Derrière cette anecdote, il me soudain prendre conscience d'une maladie plus profonde : la googlose. Un de ses symptômes apparents me semble être que nous ne cherchons plus à comprendre, à apprendre et ainsi nous construire, mais nous voulons avoir la réponse (ce qui est très différent). Et ses effets secondaires : peur de poser une question (qui reviendrait, pensons-nous, à avouer que l'on ne sait pas, comme si c'était soudain devenu une infériorité que d'apprendre), peur de dire que l'on ne sait pas ou que l'on n'a pas compris.

A mon sens, la googlose gangrène la relation humaine. Que reste-t-il de la communication, de notre humanité partagée, de nos relations si chacun s'enferme dans une armure, affichant ses forces, ses certitudes, sa "gagne", tout en masquant ses faiblesses et ses doutes. Est-ce que derrière la googlose (la maladie de connaître la réponse sans comprendre ni apprendre), l'enjeu n'est pas celui d'accepter que ce qui nous relie, c'est aussi nos failles ? Et qu'elles ne sont pas des faiblesses mais font juste partie de notre complexité et donc de notre richesse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire